« Nous suggérons qu’un angle d’approche possible réside dans la valeur performantielle du geste noise. Qu’est-ce à dire ? D’abord, un dénominateur commun à ces pratiques semble faire surface. Le noise apparait comme une tentative d’expression immédiate de la matière sonore, prélevée dans la chair du monde, snas intermédiaire ni médiation – elle se rapproche par-là du fantasme ultime de l’art : un art sans art. Il ne s’agit plus –ou plus seulement- des « objets trouvés » sonores de la musique concrète […] mais d’une interaction –souvent violente- avec l’objet, où le geste même de l’altération constitue le geste musical. Ce geste s’appliquant potentiellement à tout objet, tout objet est un instrument potentiel en ce que sa modification fonctionnelle ouvre sa modifiabilité technique, sa puissance plastique. Cette puissance plastique se présentant comme « musique », noise voudrait ici dire « sortir le bruit de l’objet ». En cela consiste le rapport du performer au médium producteur de son. […]
Faire sortir le son de l’objet, c’est extorquer le son au monde. C’est extraire des choses l’énergie sous forme sonore, c’est la rendre tangible, sensible. C’est aussi le cas des pratiques noise les plus incarnées ; c’est le corps tout entier qui hurle, dans un excès d’énergie, dans la dépense la plus totale. »
Sébastien Biset, Le performantiel noise, 2010.