Des mousses jusqu’aux cimes...
En revenir à la forêt, aux arbres...
La forêt fut longtemps le lieu des révoltés.
À l’écart des remparts, les Robins et autres tire-laines médiévaux rejoignent dans notre imaginaire les maquisards ou les zadistes. Il ne s’agit pas ici d’énoncer des équivalences ou d’afficher un anachronisme de la pire espèce mais plutôt de souligner que la forêt accueille avec une bienveillance toute naturelle les réprouvés du système en place, tous les « hors remparts » en quelque sorte. Cabanes des Neg’ marrons de Guyane ou isbas bricolées des trappeurs sibériens fuyant la Kolyma, ces caches ombragées en disent long sur la vocation de la forêt d’accueillir la parole en lutte.
Mais plus que la nécessité de trouver un refuge à l’abri des regards de l’ordre, il s’agirait aussi de remonter le temps ; en somme, de nier l’évidence du cours des choses et de réécrire une autre histoire. Si les chasseurs-cueilleurs sont devenus des éleveurs « protégés » l’on pourrait imaginer que ce retour à la forêt est une tentative symbolique de réécrire l’histoire, une autre épopée serait alors possible où les villes et les États seraient davantage des communautés que des pyramides, des entités plus soucieuses du bonheur que de garantir le bien-être et la propriété pour reprendre la célèbre distinction aristotélicienne.